Les gerbes fourrent

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Pierre Igot

LES GERBES FOURRENT

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Il n'est pas normal
Que le vers surgisse
À l'endroit où j'ai bien mal
Comme si c'était pour dire
Comme si l'endroit disait

Il n'est pas plus verbal d'y lutter
Sans voir
La littérature du moindre mal
      t'y regarder

Mais ces moments du ciel
Par périodes accouplés
Qui l'éclatent

Mais ces rats mort-nés
Qu'il écrase
(Ces mots du ces)

Mais sa moindre chance de se voir
Électrifiée

Mais ces limites du sillon
Noir émasculé (puisqu'il est noir)

Toutes ces nuances donc
Qui traduisent qu'il est noir

Toute cette chance inouïe
D'un sens quelque part

Toute somme au tiers
De ce qu'elle chasse

ET LA PRÉFACE

VOUS L'ATTENDEZ

OUI

OU NON ?


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POLLUTION


Rien n'équivaut, dans l'ancien temps
— de sang pourtant —
Au calme plat par lequel se répand
du jour vide la clarté qui tue

J'ai vu longtemps
La douleur de proliférer se prendre,
Douce, au pieux des pièges à volupté
— l'aine, pour pourrir, s'est embrasée
Rien n'est resté calme des creux,
Pur de surprendre.

Le mur fond, trie sur la poussière,
À coeur ouvert, l'embarras d'exister de cendre
Ou sur les pierres — et rit, porc, de les disperser
Ou pire. Rien n'existait —
Désormais tout est, jaune,
Même dénoncé — l'eau pèle
— Même, dénoncé, s'entraîne
La boue gercée
Au canal des coulées plus saines

Rien — je ne savais pas dire
Quoi préserver — coche s'avançait
La fin des murailles — À mots défendre ?
Quel accès ? Quelle chambre ? Geôle s'envolait,
Vide, d'associer
Viol et comprendre
Dans sa fente-dieu — en l'air.

Pour terminer la terre
Nulle s'éprouvait
Les dernières villes en les montrant
Tiges d'écraser
Une à une des racines
Bénie des blés — Perte en voulait
Merde enflait — du courage
Les derniers droits purs s'éventaient
Sûrs d'exister
Dans l'atmosphère qu'on les respire
Bientôt dans l'opaque tout est noir
Tout saigne dans l'importance
Des bains décents
Coule l'innocence
Nue des doigts
Se caressant l'indénonçable.

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OBJETS


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HIER



La mort lente.
Elle s'applique au cerveau comme les steppes aux tempes
Aux pentes
Je ne sais pas

J'ai souffert mais je ne souffre plus
J'ai dit mais je ne dis pas
Peut-être, avec un peu de sang...

Mais laquelle voudra ?

Je lui expliquais qu'elle était belle. Elle défiait le vent. Mais que je ne l'aimerais pas davantage* que la mer. Elle pleura sur mes gants
Je n'aimais pas son passé simple.

Elle laissa ses paupières bâtir quelque chose de gothique. Quand vint au coin des lèvres la première goutte de sang, elle se demanda pourquoi tant de peine alors que c'est bien plus doux devant
alors que rien ne présidait à — comme avant.



* ...

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DISTANCE



Radiée
Pour ça de moire
Qu'elle a même du mal à construire

Évacuée
Alors qu'en juin, sous sa conduite,
J'ai mûri les pires aventures

Oh, belle pour le son de son fard
Mais nuancée
Or ses limites
Or sa texture vue des peines admises
Fait penser la mort à des piles entières
Survivantes
Et fausses

Alors qu'hier en bleue
Quand elle me glisse entre les veines
Le long d'un coup qui finira par me détruire
La suivante était dérisoire

Quand elle sort d'elle
Deux choses à dire au moins qui font
Des cris sans moi
Je suppose que je les sépare
À moins d'oublier qu'elle est peintre
De viser leur âme endormie.
Mais j'espère qu'elle est noire
Comme ancienne ville attaquée dans les fentes
Que frémir suffira sur terre
Pour marquer d'eau qu'elle est vivante
Qu'elle s'écoule
Qu'elle est sourde et vaste et qu'elle pense
À la mer comme à sa distance :
    Vierge, en balance.

Si
J'étais sûr qu'elle est mieux ce soir
J'arriverais demain pur des seuls cous qui m'écrasent
Oblique

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ENOUGH



À L.


Si tu savais
Si tu savais faire que tu ne saches pas
Si t'avait la terre
Supposé là (masculin tu vois)
Et ne t'avait montré
Montrée du doigt
(Par son endroit droit
Réservé pour toi), tu serais là
(Et tu vois que tu ne le vois pas)
Là sous les draps,
À côté de moi —

Bien je ne sais pas.

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INHUMAINE



C'est elle qui laisse
De sombres taches, un désir fluide
C'est elle qui dépasse
Seule, plus rapide
Au ras du vide

Bouche, qui du sein ne mène
À rien d'autre qui saigne
De son visage, bouche
Que l'absent mure à l'aine
Sauve d'un combat, mais vile
D'en parler
Mérite qu'on la viole
Par le nez

J'aimerais pour voir
Fuir des compas l'indépendance
Ta vue de fiole
Nue, dans le ciel

La sans fissure a l'avantage
Existentiel
D'assise hurler des bouffées de chair
D'un pli du pied même

Inhumaine.

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SEX



Ta peau glisse
Jusqu'au chat refus du miroir. Comment vouloir
Te regarder ?

Ta caresse
Mes yeux te l'offrent.

Toi, dont je vais jusqu'à refuser l'existence
Tu ne vas pas me l'accorder. Tu vas croire
Tu vas dire au bleu du miroir
L'abstrait d'où qu'il germe
Dont il souille le crépuscule. Tu vas voir
Le bois se fendre
Le miroir se suspendre
Mon sang se dresser
Au goût d'intercession
     Et gicler preuve
     Suffire noir
     À t'immaculer

À présent regarde voir
Ces yeux sans mémoire
— et soigne ta nuit blanche.

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Il n'y a rien à faire qu'écrire
Après de telles jambes
Après cette pénombre telle que des regards,
     seule, suffisait
     la réciprocité.

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Un jour je ferai le portrait de dos de cette fille à la démarche régulière (la veste brune et le jean flou)
qui savait, elle, quoi faire de ses mains en avançant
puisque je ne m'en souviens pas.

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PHASE



Les mêmes sons
Voluptueux
Intolérables
Ta bouche qui respire
Visqueuse
Inaltérable
Tout à la fois

Il n'y a rien qui vaille
Tout le sang que tu respires

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ORGANIQUE



ELLE
Irise à l'intérieur
Toutes les couleurs
De la fausse blanche épaisse fleur

Elle remarque à l'aile supérieure
Un petit kyste jaune à l'intérieur
Duquel sans les couleurs noires
Il n'y avait rien.

Elle, étamine, et son fil
Dépérissent, et son corps
Tandis tait toutes les vagues
Que sa peau une à une les remplace
Que sa peau sur place — violence —
Une à une fait les plages
Toutes les pages
Où d'une veine obscure aboutissent
Sans nuance

Toutes les encres.

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C'est une idée. C'est plein d'artifice mais c'est une idée quand même. C'est même la (seule) raison pour laquelle Delphine s'autorise à jouir des morts à l'heure, introduite. Sa chair se galvaude d'un système à l'autre pour se voir, de miroirs. Entre deux passes par un corps étranger, Delphine se contorsionne pour faire durer l'heure, la salle pleine.

Delphine mise en place,

Mon vase de nuit ma pondérable

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PENSE AVEC TOI



Je suis passé par tout
Il y a un seul endroit où je ne suis jamais passé
Le tien

U have that


Tu as ça
Tu peux être le plus bête du monde, cela n'empêchera pas que tu as ça
Et à ça les mâles pensants ils n'ont rien à répondre

L'avantage de ma tête fraîche et molle, de mes cheveux épais raides rebelles, des mes yeux atypiques, comme de tout mon corps que je n'arrive pas à réduire, c'est qu'une jeune fille qui oscille encore (puisqu'il faut bien admettre qu'un bon nombre, même — et surtout ? — parmi les plus belles, n'ont jamais oscillé) les repère rapidement dans la foule grise, et d'autant mieux que, chez moi, c'est tout le corps qui oscille encore tout avec l'âme.

Tu as ça encore qui hésite à travers tes gestes et dans ta chevelure (comme s'il fallait la remettre droite), ça qui résiste et qui pousse ton regard sur moi entre deux stations sur les vitres, ça qui ne pense pas à ce que tu dis à ta voisine toujours hermétique, ça qui respire et qu'il faut bien le dire je t'emprunte quand je pense avec toi à toutes les tombes, toutes les rivières où nous pourrions voir de la brume nous fixer dans le froid la peau à travers les laines et le jeûne.

Ces derniers temps
Je n'avais jamais autant joui sur terre

Mais si, il y a un corps et une âme
Te fatigue pas

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ADÈLE



Tu te souviens (mais ce n'est pas pour ce soir) des jours où je me sentais vide enough comme réceptacle, où tes formes s'y logeaient, dans tel élan que je voulais boire, tel banc
vide tous les soirs
(je retournais)
que j'usais du fond d'un pouls d'âme
(tout reste s'envolait)
pour tes formes attentives
au moindre creux plus noir.

Te souviens même quand l'espace
espaçait l'âme de nos rencontres
de ces chairs qui volaient
portées par
ce qui durait
— maintenant quelle fin
quel fond d'y retourner
forcer les plaies
et au plus épais
d'y rester !

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LE PLUS NOIR



L'une d'elles
Me regarde avec des yeux verts
Mais je ne m'attarde plus
Je n'approfondis plus
Avec des zones blanches pour faire bon espoir
Elle a dénoncé l'eau pâle
Avec des cris de lune belle sur la marche seule
Elle pose le pied dans un palais que je n'écris plus
Qui se développe autour d'elle par un bruit
Qui lui touche (érafle) à peine la chair molle
Zut épaisse à peine sur le sol à peine
Coincée par le vent rivée
Sur les mêmes supports de pensées entières
Dont je sors
Par l'aile gauche en plaine où les ombres
Écrivent sinon plus en cercle
Aussi longtemps

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Si c'est le rouge que tu décèles au drap
Lavé, si c'est le drap
Qu'elle avait, hier, autour d'elle,
Si c'est elle,
Ne cherche pas
Ne CHERCHE pas

Le long du rouge du drap lavé d'elle tout est noir

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Deux ans que j'erre
Deux ans que depuis la marche forcée de mes souvenirs
Vers le gouffre
Plus rien ne sort
Et si l'on daigne revenir
Ce sont des pertes
Ce sont des brumes entières cédées à la lumière
Et lâchées par le vent qui tombe
À l'intérieur
Dans un coin seul inconsolable

J'ai cru ses veines
J'ai bu son sang, croyant qu'elle était autre
Qu'elle était pleine
Qu'elle donnait quand elle était rose
Et j'ai senti trop tard, comme elle est vide
Le goût du mien

Sa peau
Son coeur qui se soulève à peine quand elle parle
Son regard soudain comme une force
Qui me jette dans l'infini
Inefficace et là pourtant
C'était le mien

J'aurais dû prévoir
Qu'elle était belle à l'horizon
Dans ses questions pures de mystère
J'aurais dû prévoir

Avortée dans le noir
Passant la main à ceux qui tuent
(Comme elle n'existait pas)
Elle a voulu faire l'amour ensuite
Dans le noir

Présence distincte et factice
Collée blanche
La maladresse au bout des seins
La dérive dans les mains perdues

Sexe en poudre

Deux ans que j'erre
De retour dans les bras fantômes
De sacrifice à la lumière
Avec la seule faute de sens pour endroit
De
Possible moire incandescent

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RECUL


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TERRE



La terre a
Quelque chose qui te courbe
Quelque chose que la terre aurait
Qui t'embourbe.
Terre épaisse que le sang survole,
Terre meuble pour les traces
Terre, image où tu t'envoles
Loin, terre qui la retient,
Terre (corps en supplément) que tout a creusé
Pour y dormir, mort quelque part.

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Rien ne vaut la sérénité
Comme chimère
Et la souffrance de revenir
S'amputer l'esprit de préceptes définitifs
En tant que chair.

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J'ai perdu ma belle lucidité
un jour anglais où les âmes s'assemblaient
pour me signifier l'accouchement
mais je ne pouvais pas entendre (par insuffisance logique-là)
je ne peux donc pas prétendre le dater
ce jour-là je n'ai rien vécu
et elle était si belle
que je ne l'ai jamais revue
que je ne l'ai donc jamais vue.

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Rien. Soit, mais quelque chose. La fumée monte.
La fumée que dis-je les volutes
Sur ce qui danse, que tout épouse
Sens
D'être couché sur ce qui pense
Pour lui répondre
Sens
De la nuit qui vient blanche
S'allonger sur ce cri lent,
Si lent qu'il faut les champs
De l'écho noir pour s'y répandre,
Au coeur,
Le début du sang pour se battre,

Et la brume arrivée qui chante.

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Je déteste. D'ailleurs je ne peux pas. Mais j'aurais pu vouloir. Un jour, je n'ai pas pu. J'aurais dû.

Un jour, ma mort correspondra. Et la nuit se toucheront. Je n'oublie pas

En pleine fleur.

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Je ne sais pas pour voir quel est l'art, fidèle en cela à des images, qui détermine que je suis noir ou qui m'en trace, de fausse histoire, de fausse liste noire, une place pourrie que je m'y loge, désisté.

Mais c'est elle qui guide et qui souffre que je l'y nomme

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CONTRAINTES


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VEILLE



Sûrement, demain,
Le vin du vain
Sera bu sans frémir
— Juste un petit soupir

Pour l'heure, horreur, aurore
Je salis les mots gris
Mais encore ?
Je suis le mal appris
Et la douleur exquise
Essuie la feuille grise,
Orange et verte-blanche
Et ma paupière étanche
Brûle devant ses rêves de brève pureté
Et la nuit s'est éprise d'Étrange Acidité

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MAL



Mal
J'ai mal

Je souffre en râle
Et je m'étale
Parce que j'ai mal

Arrête

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LEURRE



le nul tangage de mon bateau
rictus de la croulante étrave
parti nuit conquis des mers noires
parti jour à peine cru de l'eau

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Lotion qui coupe les doigts pour penser
Sans gratter, et même
Sans regarder

Malheureux sang
Qui ne peut réfréner ses traces

Face à quoi l'acide même
Ne serait qu'une joie

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  L'or, je commence à en douter, l'or, je devance — avec mes pieds froids sur le sable. La maladresse même d'exister, au cours des sciences, d'un coup s'est révélée plus dense, au fond d'un titre : Vers l'Occident. Depuis, c'est — faut bien reconnaître — la foule, et, plus qu'elle, le regard sur soi qui s'emballe (l'écouter).

  À y réfléchir, c'est parce que je n'ai rien à dire que j'use d'un langage qui le contourne et, de façon récurrente, de constructions toutes faites qui le supportent. Oui, mais j'affirme ("rien") pour les nécessités du miroir, et je ne m'en tiendrai jamais là. (Pour réfléchir, j'ai eu le temps. Depuis, je demande l'intelligence, que me refuse le fonctionnement de ma mémoire :

  Il eût fondé son peu d'espoir sur la possibilité d'un progrès de sa pensée. Il eût même dans le doute accepté les apparences de stagnation qu'elle présentait dans le court délai d'un moment de réflexion, et défendu contre son gré l'hypothèse d'un progrès plus lent, imperceptible à ce niveau. Mais les années passaient (du moins semblait-il), et chaque jour lui rendait plus douloureuse la constatation que, si sa pensée ne régressait pas, elle n'était pas davantage capable de prouver que son activité présente était issue d'une amélioration ou d'un renouvellement des procédures qui la constituaient. D'ailleurs, il fallait bien reconnaître que la saisie instantanée du fonctionnement de son esprit lui en fournissait depuis longtemps une image qu'il avait du mal à ne pas trouver dégoûtante (il se refusait à croire que la lucidité la plus valable dût être aussi chaotique, que celle que d'autres lui trouvaient fût celle qu'il devait désirer). Si bien que tout, finalement, le portait à penser — sans qu'il lui semblât qu'il l'eût voulu — qu'il ne faisait qu'attendre, végéter dans l'éventualité d'une soudaine révolution (mais il n'avait pas la force d'en déceler les présages) qui eût brusquement tout éclairci, et justifié rétrospectivement sa patience ; mais il reconnaissait en même temps que cette patience ne lui semblait pas telle, qu'elle ne le faisait pas "souffrir" le moins du monde. En réalité, quand il lui fallait placer sa réflexion sur un plan existentiel, il se disait que ce qui justifiait encore pour l'instant son attente, c'était un autre type de souffrance, vive, mais qu'il lui semblait presque pouvoir provoquer : celle de laisser fonctionner son esprit.

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  C'est toujours moi, alors pourquoi faire semblant ?

  T'es pas viable. Il y a un décalage très simple entre ton corps et ta tête qui fait que tôt ou tard, tu en crèveras.

  Toi d'où sors-tu ? Quel est ton être ? Quel est ton mystère ? Tu frissonnes dans si peu de vent ; ce qui fait avec ton esprit de brute une bête bien délicate. Quand diras-tu selon quelle norme ? Toi du mélange dont la pâte est prise de fièvres qui l'écartent lente, seul des sermons que tu sèmes sous l'espace à lire dans la poussière qu'elle est pour toi seule à se taire, quand tu t'envoles — d'après les traces.

  Rien nécessaire qui ne file à la moindre somme — qui l'avorte (elle qui croyait bien faire). Rien sous les pierres — la bête qui soulève s'étant de force confondue avec l'aube à faire. Jaune à la tête crépue des minuscules — qui transpirent.

  Inversement, toi sous les pierres, tu sens bien qu'avant tout la brute, c'est ton corps, et que rien n'est plus chrétien que ta conscience. Qui raffine par intermittence mais qui se lance, et qui, quand elle se lance (tu te souviens ?), t'incise à l'exacte distance de ton reflet dans le mur noir *.





*. "Quand j'ai eu l'album noir (The Black Album) entre les mains, je l'ai regardé, j'ai vu mon reflet dedans et je me suis dit : 'Si tu dois mourir maintenant, c'est à cause de cet album qu'on continuera à parler de toi.' "

[Table des matières]





LEURRE



Dans ta tendance, paupière,
À tendre vers les sphères closes,
Tu n'éviteras jamais de voir
Dans ce tend-vers qui retient quelque chose
Se glisser que tout n'est pas sphère
Dans ce tend-vers que retient quelque chose
Que même pour les paupières les plus entraînées
Il y a un monde qu'il faut bien supporter
De regarder
Dans lequel il faut même tenter de voir
Quelque chose
Au mépris de toutes les sphères closes
Te regarder.

[Table des matières]





RÉPONSE À LA DOULEUR



   demain, peut-être
        (...)

Oh ! larmes, l'arme d'hiver
C'est la douleur sous le verre
Et les éparses paroles
Ont leur âme en douleur folle

[Table des matières]





  J'ai lavé. Je peux encore en parler mais pour vous cacher que c'est sale. Sous des dehors de crasse organisée. Quant à moi, j'ai lavé.

  Nez en moins, comme c'est pas ça, j'attends que ça sèche.

[Table des matières]







ACTIONS


[Table des matières]





  Le propre de notre époque est qu'on y est interdit d'intransigeance.

  On n'y est pas davantage reconnu pour sa faiblesse intellectuelle post-proustienne (que je n'ai pas fini de prendre à la lettre).

  La pensée faible parvient à jouer la pensée forte avec un degré d'imperfection dont elle est seule consciente.

  (La pensée faible est pour la pensée forte inconcevable.)

[Table des matières]





ESCAPE



Je vous prouverai la vérité du rat
Rien que pour vous emmerder.
Vous, les moins étrangers de moi,
Moi, le si peu de courage à vous tuer qui bouge
Entre elle et ça.

Bob... Ain't that a bitch ?

[Table des matières]





J'en ai
Un peu marre de ce monde qui fonctionne à la chance
De ne pas savoir
— Homo sur les plates
Anorexiques

Par les temps qui saignent
Sur tout
Encore qui geint pense

Autant être franc : si je survis, c'est — pour une grande part — parce que le bruit m'échappe
Que je n'ai pas su faire la différence
Et qu'on me laisse
Le ci-devant boire

Machine à merde
Je ne peux pas supporter d'exister ce noir

[Table des matières]





D'accord, mais c'est encore à voir...
Le flot soulevé par le premier mot qui s'apaise
La suite qui coule
Mais la fin nie le produit du ventre
À coups de néant vers l'abstrait
Qui se retournent et pensent recouvrir
Quand la fuite.
Amour, amour, amour,
Still would stand all time

Et qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
Tu sais que tu as deux heures devant toi sans envie de lire
Ni d'écrire
Pourtant tu n'attends pas
Tu décides que décider ne s'applique plus à toi
Ni la tmèse
Encore moins le nom du pouvoir
La veuve abstraite
Quand tu auras fini décide-moi
Sors de ta gangue plate
Le relief n'est pas obligatoirement nécessaire
Ni les plumes

Sens le caractère
Touche la vue noire
Oblige à boire
Du cratère

Non ta beauté ne m'émeut pas
Ton jaune perce
Ta souveraine me disperse
Le voile qui s'invente
Mais sur tes boucles
Peine sur la distance
Le rédempteur que tu mêles en glace
Bile sans intermédiaire sur le vent
Dans mon cauchemar de mi-sommeil j'ai fondu fut atroce
Le surveille ne sauve pas
Porc liquéfié j'ai volé sans brute
Vers le sens de pouvoir
Guillotin
Et toi mignon tout plein je t'exempte
Moi monsieur je suis trop noir vous ne pourriez pas vendre
Même pas la viande
Je t'en forge des situations transitoires
Amphore de condamné coupable de quel dieu sans répondre
Écrou de sens et même solide image protestante
La mort vise le mot est faible
Le trou à pur terme
Je n'ai pas froid le beau ni mot ni noir
Su m'échappe
En vie je penche des cous prends les perles danse
Arrive par une solution méchante à me taire
En vue du jet, le, le, le,
Microbe qui dépasse
Dévise et maxe tout
L'âge

Ta vertu a entendu parler du vieux noir
Ton tulle étrange applique des prix foire
Et redispose
En ligne la liberté
À défaut de crase

[Table des matières]





MACHINE



J'attends que cède
Ma cervelle pliée sous mon crâne
J'attends qu'il pèse
Ou qu'il s'explique
Le droit qu'il s'est pris de protéger mon âme
Mais pas ma peau
Mais pas mes doigts, même
Sur ta peau, mais pas les âmes
Qu'il s'en faut de peu — d'envoyer au ciel
Quand elles touchent,
Quand elles pourraient voir que ça brûle.

J'attends qu'il sente que je sens qu'il sent
— Et que je voudrais voir
Plus souvent
J'attends qu'il vente
Au moins du vent
Qu'il sente
Au moins du ...

J'attends du sang
Qu'il m'attende
Pour s'aller battre si souvent
Au moindre vent d'âme
Contre les murs. Quant au bois,

J'attends qu'il gerce.

[Table des matières]





PRÉTEXTE



Radar image bienfaisante d'un seuil qui nous perce longueur du même avant d'éteindre qu'on a cru décrire là
Alors que tout au plus étire lent
Le son l'idée à court de sens

Savoir qu'au même moment sous le simple apaisement des paupières c'est la guerre
Le doigt posé sur les lèvres comme au vomitoire
La honte
Sur la foule

C'est des vagues pas la mer
Mais l'écho sur terre c'est la houle
Frappée d'interdit, qui recule
Et s'acidifie
Car pour les chants de chair
Rien de tel pour attendre l'absinthe
Qu'un enfer

C'est la hache qui refoule
Au besoin qui signe
Mes éclats de peau
Tels qu'en pain rouge tu peux les concevoir

Et même quand s'apaise
Quand s'entame le sein rouge rassuré d'être chair
La peau
D'être sous le doigt (régulière)
Pour voir si les nerfs
Sentir si la boue nulle passe
Sous les paupières
L'effort tout de même
D'accepter deux fois même
Cache avec peine
Le lourd mot de trop — trace.

[Table des matières]





GÉNOCIDE



Que viennent les gaz
Ils ne tueront pas un seul innocent
Moi, je suis mort depuis ma plus tendre enfance (quand j'aimais le ciel bas),
à attendre.

Les dernières images
Dégénèrent par le vent

Pour le plaisir d'entrer par le noir
J'ai regardé un film le 15 au soir
Je me suis couché pour t'écrire
Par-devant
Une dernière fois

Si entre les boules en tas sur moi s'est inséré un peu de la veine sale
des jeûnes morts dans tes bras
c'est qu'on t'a fécondée définitive pour te faire croire
qu'il y avait encore un peu de miel dans mes draps
sécrété par le curseur vertical de mon coeur feint dans la lumière
glissé jusqu'en bas
mais cette lumière c'est la tienne moi je n'en ai pas une
jusqu'au ciel
je n'ai pas de ciel
je n'ai jamais cru à un seul de tes mots pouvoir
le comprendre et vivre

maintenant que le gaz opère je ne peux plus défendre
je me suis retenu jusqu'ici mais je crois que je vais mourir quand même
si on t'offre tu diras que je n'existe pas

c'est sur de la matière que tu tires tes bas
souviens-toi

à partir de toi du monde je n'existe pas.

[Table des matières]





  Un jour sans savoir, un jour sans "espoir", n'est pas un jour où j'écris noir (c'est un jour où le noir n'écrit pas).

  C'est un jour, belle plante, où, à ce point du ventre, les braises parlent sans toucher la bûche qui repose.

[Table des matières]





Coussines
Taies folles à mon lit blanc
Fines paroles
À mon penser tremblant

Comme pour se fendre
Une gerçure
Attendrait-on mon bâillement
Hélas, on n'attend pas le temps.

Par hasard, on a vu pourtant
Sur une plaie recommençant
Me jaillir le sang doucement

Mais si l'on pensait voir
Telle que je l'ai vue sifflant
Ma bonne âme s'écroulant
Ma bonne âme supportant
    (Qu'on la viole)
    On est dedans.

[Table des matières]





Je passe la journée entière
Par des phases
Où je ne suis pas moi
Où je ne suis rien d'autre
Ad lib

La peau tache
Le mur pense et quand il expire
En dire
Il se cache

Je suis sec et pur de couleurs
J'épouse en ville un aperçu du monde sans
Demain, peut-être...
Et la nuit s'est éprise d'Étrange Acidité

La fin du vent
Et le vol du ciel dur
La main devant
Séparée du ciel par une barre

Le vin devant
La rue des symboles quand elle part
Et
Ton fils d'hier
Mort aujourd'hui
— à refaire, donc.

Colère, donc exempt.

— T'en veux à quoi ?
— J'en veux au monde
  Du côté arbitraire des nuages
  Épousé sans lien
  Qui me pousse le temps contre moi — qui passe.
  J'en veux à mort du côté Jean
  Des visages fermés par les coins
  Qui repousse
  À la pensée claire qui les casse
  Sans en sortir de sagesse pure
  Qui lui lance dessus l'île entière.

  J'en veux pour preuve
  À la colle aux seins de Lune tiède
  Au temps pour achever
  De son sel parfumé — qui manque.

[Table des matières]







PLANS


[Table des matières]





Liberté !
Enfouie
Mais surtout pas claire
Surtout pas touchée là
À peine remise de l'adéquation

[Table des matières]





Tu auras vécu sur les obstacles. Tu auras suivi la sienne.
Effondré à la moindre marche qu'elle dissolvait sur le mien
Convaincus de proche en proche qu'à un point de la réflexion,
tout se lèverait
Pour nous invertir

Grâce aux moments où la visite du God nous a tout de même révélé l'horreur de la fin du centre
Comme si on pouvait y croire

[Table des matières]





Cher vide
Fonctionne à plein
Quant au choix du destinataire
Je n'ai rien à dire à personne
  Une lettre s'assombrit de
  Trop de trop de concevoir
Chair nulle
Tourne à vide, à la recherche du peu
Dont est privée dans le corps
  Sa distance

Il est à craindre qu'eczéma revient noir (à l'odeur)

Si l'on veut le peu se trouve là. Mais si on n'en est pas encore à vouloir (la nuit s'en doute), le peu se trouve à chaque impression qu'eczéma comble le vital en brèche.

Il est à craindre qu'eczéma ne revienne bien plus noir. Cette évolution est — je vous l'apprends — le signe pâle d'insurrection.

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Une larme de sang
Qui danse
Sur une larme de sang
Plus dense

Ton esprit crie

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Mais non l'os ne brûle pas
Il se prépare

Pile ou noir

Tu es sûr que tu ne te répètes pas
Si j'ai mal pour écrire comme ça je ne crois pas

Je suis sûr de toi

C'était trop facile d'exister pour tes doigts
Ils ont vu autre chose

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Croix


Vous ne pourriez pas comprendre.
Moi non plus d'ailleurs.

Combien l'absence dans ce théâtre me désespère.

Vous seriez bien trop sur la scène.
(Stop.)

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RÉFLEXE



Peut-être acquis, peut-être né
La mort présente
Au bout du miroir.

Rixe
Vue pour voir
Des causes
(Entre elles)
Tout entière

Le temps pour voir
Entre elles et s'enfonce
Un pas substantiel
Entre elle et glisse

J'ai mis du temps à correspondre
En reste là : tous les mots
Ne s'accorde pas.

Puisque j'en parle, autant lui dire,
Vous là-bas
Elle c'est pourquoi pas
Nous les sens.

Autant l'essence
Autant passe
Autant des pures
Autant les structures

À pieds joints
Bande sous la torture

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À V. rompue

La repartie d'éternité
qui pense basse
et les foudres
par-devant
nues de coudre
l'argent sur les pierres

la zone quand je pense à toi n'écrit pas
Someday I
tout juste pas
(Just My Imagination)

la zone quand je pense écrire n'est plus sale

Ma tête réelle est tellement loin de celle qui fait les signes
de celle qui continue
que j'ai du mal à croire qu'elle est l'obstacle

Banal du cerveau
Sang du ventre
Lié du sexe
La zone quand je pense à quoi découverte

mule offerte
avec toutes les facilités du fourrage
sévices compris

Et toi je ne te consulte pas.

Atteinte aux verves
Des facilités d'exil blanches
Le désespoir c'est plus courant
Modère tes fuites

On sent bien ce qu'on a fait du ciel
Mais mais mais
À la poursuite ne s'oppose pas l'Ukrainienne
Sang de châtrés au Graal ça c'est du boudin frais qui parle
Le givre-culte
S'auto-compense par les fenêtres

C'est de toi que je parlais tu sais je sais c'est pour cela
que tu ne m'as pas dit que tu savais du grec eh non
allez sortez ou je me fiche en l'air
à l'envoi bleu
c'est calme ça ça pèse la bulle des trous passe
À l'époque je te regardais tu ne me dis même plus
ton nom laisse-moi faire encore
la marmite des dimanches où chaque jambe éclate

Ça facilite l'élocution.

Encore
Deux monnaies-mères interdites
Et le vide alors
À quand ça change ?
Justement j'en parlais jaune d'hier
Ça suffit — je me tire — les boul
sont
tées.

Patère
Ou Tune accroche des évidences
(U Got The Look)
Tandis qu'aux rines vaises
Tou
Croche des duire oses
Ça dev des mo relantes
Don l'emprunt aux ère
S que ça rête ci ?
e ou drais oir

'colate

Les unes aux âtres
usé.

Ça y est c'est blanc définitif
Pause des sommaires d'ânes
Je veux parler de Johannes Simon Foire
Çui-là des croire
Mon contrat d'écrire mince

J'annexe des filles mortes qui sont les premières

Dans un état indescriptible
Le sondé qui gardait sa force
Vers un eau

Adèle part dans les branches
Je reste au tronc
Adèle penche

Dieu c'est une invention du ciel pour nous faire croire aux yeux qui se lèvent
Dieu c'est un truc pour me faire mal au ventre

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COLD TRIP



It was named "Cold Trip" before she smiled
(and her name was Distance).


Puisqu'il est normal qu'il soit interdit, je m'en vais
Non pas aux brumes
Mais dans la nue folle de construire
Au moins le pur acier créé sous la peau

Au moins l'exact
Quand tu penses tes veines pue l'impact
Au moins la marque
A les choses pour durer cent pas
Qui remontent
Ton début de chasse ivre collée drame aux feuilles

Si tu laisses faire tué n'oublie pas
D'expliquer ta mort
La ruse éparse au lait vu d'alcool
La chose entre elle séparée par et torse
Plié par le mal sûr en scène
Ni n'est pas l'écorce ni la tombe
Dégagée. Sur la tombe
Dégage ton regard
L'écorce
Tue la sienne et part
Suis la mienne, trop
Et tard

Si tu as
La chance de couper la traîne
Scie la trace incluse
Balaye jusqu'à l'aise ambiante
Nie le ciel-fente
Qui remonte te compter les veines
Et les prendre

Exige tous les soirs une guerre
Fais-toi fou de la force qui revient
Dupe
Comme un trou
Encore un coup en diagonale et je te libère en rien.

Allez, saigne !
(Il ne veut pas)
(Elle ne veut pas)
(Ils ne veulent pas)
(Elles ne veulent pas
 Ils ne veulent pas
— bien pourtant leur faire ravouer qu'ils n'existent pas)

Esquisse les panneaux où tu comptes imposer ta frange

(Ainsi pourrons-nous-t-ils voir s'il est véritable)
C'est pas juste quand même
EOF

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Prétendre aller sur les lieux
Sans s'identifier
Prétendre seul
Dans un lieu sans identité
Identifier
Le seuil où sur devient sang (inusité)
Crise

Les braves gerceraient.

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Pense à ce monde
Comme il est blême
Pense toujours à le nier
Comme des voix qui te dépassent
Pense à être
Seul et la mer
Bleue te regarde.

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DEMAIN



  Alors Jésus respira et, au prix d'un effort non négligeable, se hissa sur le plateau que formait le jardin au sommet du mont des Oliviers. Il pria ses disciples de l'attendre, et se retira pour s'adresser au Père. Ses yeux tiraient, ses joues semblaient tendues de soif, et pourtant sa seule pensée fut : "Père, retire-moi, si tu le peux, cette coupe !"

  Mais aussitôt, son peu d'espoir en la clémence du destin fixé par son père lui fit regretter sa demande : "Mais si s'y trouve la direction tracée de mon sang, nul besoin de m'en avertir. D'ailleurs, je vais la prendre."

  Se retournant alors vers ses disciples, il trébucha sur leur sommeil. Résigné, il leur suggéra d'une voix douce : "Veillez, pour tous les états de votre conscience où vous serez capables de nier votre existence comme je viens de le faire.

  Dormez, cependant, si la clarté vous semble épuisée."

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RÈGLES


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Here I am. Dead on it. Trois jours avant l'aube (qu'elle exploite), je ne sais pas feins d'y pourvoir ?
Fini, le havre ; paix, l'extase
Use à plein de l'inadvertance
(Passe par les coins) ; siège, quand elle parle,
Belle, perdue dans son nom,
— enfin, belle en proportion — elle se laisse
Souffrir de concevoir ; chute, elle entraîne
Dans le cadre de son inexistence
Les idées qu'aucune paix ne creuse. Creuse,
Moins néante,
Vue dans un jeu comme une carapace,
Elle encadre
Jouit, serre, joint (les déplace)
Le moins lisse d'un bout de ton dos
Les plus vers
Et les quelques déjà déposant
(Leur moire)

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ADÈLE



  C'est ça. Je n'ai plus le courage d'écrire. J'ai des mains, mais elles ne servent plus. Ralentir (développer) de façon totalement gratuite la manière de dire non, courage, je n'ai plus la force et l'obstacle vers le noir étranger de
  construire
  dresser des équivalences
  jouer avec des paumes innocentes sur des blés de l'intérieur
  laisser voir
  laisser laisser voir
  la laisser vivre un peu de noir que je n'ai plus le courage de finir (sursis)
  vers l'obscur Adèle définitive
  pour te croire. Et toute
  ta faux d'aile n'y joue rien
  Épouse-moi, crie-t-elle
  Je n'en sais rien
  pas même la moue pieuse
  de défaite —
  Tu m'emmènes loin, comme ça — Non, ne t'inquiète pas. Toi, tu sauras fuir. — Mais j'aimerais pouvoir... — Non, tu ne peux pas — Décide voir — Tu ne comprends pas que je n'ai rien à fuir aussi noir, qu'il est permis de croire (livre épais quand la moindre page se répète
  qu'est-ce qu'elle tisse sur le toit

  "Ils ont tissé des termes de cire morte sur les corps réprouvés des êtres et en ont fait des rétentions stupéfiantes, qui, avant de naître, n'étaient pas, mais qui,
  insuline par insuline,
  se sont crues être,
  et pourtant l'artichaut branle au manche quand c'est la vierge qui fait caca.
  L'insuline, c'est du Ka sans merde, de la merde sans faire caca"
  Sans issue.

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  La tête un peu levée, vers le ciel. Le chant qui ne sort pas. Reflet de lignes. Sourcils froncés par le monde que, dans l'ensemble, tu ne manipules pas. Quoi faire, alors ? Revenir. Revenir à répétitions. Assembler que les mots s'y refassent au moins peu d'individualité, par la faute, même.

  Mais ce n'est la faute que des essais pour la faire définitive, même.

  En corps, aujourd'hui, tout est calme : douleurs familières et canalisées. Mais cet alors n'offre aucune prise à l'harmonie, sans rien y substituer.

  Peut-être au départ de la chose qui tremble
  Qui donc déjà devance la façon linéaire dont elle va
  Peut-être au départ de la source (des tremblements)
  Dont tout frémit déjà d'être simplement ça.

  Peut-être donc au départ quelque chose tremble-
  t-il ; peut-être un air que déjà le vent
  joue intact avec l'eau.
  Peut-être au moins l'entre-eux brouillard se sent-il joindre
  la terre vide et la mer des eaux moindres
  après tout.

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L'OR



C'est devant
Les après-coup de la tournure
Que j'aurai donc pu avoir
Mes silences les plus coupables.

C'est aussi devant soi l'épave de l'aube
Qui m'aura fait nous reculer

et l'or
pour qu'en son sein périsse
la lumière
et l'or
pour qu'à l'avenir tout soit jaune

péril d'être, ardre et la poussière
envenimer d'un bond de plume
tout ça
pour la teinte et le nom de brume.

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La poésie ne brûle pas
Ou plutôt si, elle brûle
Quand elle n'est pas seule
(Et pure et noire et
sûre de son drap blanc mi-rare
mi-torchon)

La poésie a l'avantage
Par les taches de sang sur le filtre
Qu'elle n'écrit rien d'innocent
Qu'elle se déteste

Et je sais déjà que demain je ne supporterai pas d'avoir écrit jusqu'à présent
Même nue dans l'intervalle
Et je ne continuerai plus
Dieu désir mort

Si seulement de l'image
Sort épaissie d'un contact avec le néant
Je la tue

Il faut écrire, sans quoi tu sauras
Et je ne veux pas que tu saches
Pire qu'une soeur à l'église
(Elle à l'os craque)

À force tu tomberas
À force tendue tu fêleras
Même le vent
Pour rien, au monde exempt
À force élue tu pourras boire
Avec la facilité même sans
Des vaches blanches

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  Non, mon entreprise n'est pas poétique, elle est noire. Si je refuse d'écrire, c'est par manque de place. Si je refuse de t'écrire, dis-toi que c'est par manque de traces
  de ce que je croyais être poétique
supportables. Si j'enjoins les murs, c'est par manque d'excès de miroir, de lampes qui débordent mieux, d'appui sur l'histoire
  de mes voeux de néant
  de mes chances de rupture
avec l'homélie noire.
Si je décale, si je porte en foi l'arrivée d'être noir,
C'est en support
du désir que vous savez bien d'accomplir
          vous savez bien fuir

  Si je pose
  Ma lame sur ta joue
  C'est tu sais bien croire
  Qu'il devance nous
  Qu'il devance tout
  Sauf ta distance

    tes genoux
    leur transe

[Table des matières]





Je n'aime pas beaucoup le langage quand je le détourne. C'est trop facile (trop proche à dire)
Mais je ne veux pas davantage le refaire (c'est fini, ça).
Je veux décider.

Or quand il est sale
J'ai trop de brume à suivre
Je m'empèse.

Et j'aurais voulu vous épargner ça.

Je les compte comme les plaies que je ne signe pas.

Il n'y a plus à penser sur rien
Il n'y a plus il n'y a plus
Et ce n'est pas rien à penser
Qui me fera croire à la nouveauté de la combinaison.
Encore une fois, elle n'est qu'un jeu
De boules fermées
Qui attendent que je les expose
Mais je n'irai pas.
Mais mais je ne me laisserai pas faire
Mais si quand même un peu
Puisqu'il faut bien, que vaincre ce serait abandonner le dernier petit bout de chair chaude et vivante
Or quel éclat
Quelle action même au prix des plus grands obstacles n'est pas une aliénation de ce qui se passe au coeur de la décision, au vers
Quand il n'avance pas
Et qu'il imite à sa vitesse la poule qui s'effondre en rat.

[Table des matières]





  Des moments où on ne repère plus les obstacles. Où l'on souffre d'une solitude franche dans une existence hypocrite. Souffrir n'est pas le mot, disons : où l'on se demande pourquoi, de même que l'on feint de se demander ce qu'on est.

  Alors que tout conduit à penser que la coupe est pleine, le vase fleur, et qu'il suffit d'un rien pour que tout cela ne serve plus à rien — même quand c'est beau. (Rémanence.)

  Ce que je me laisse dicter, c'est moi
  Et c'est tout sauf de l'inspiration.
  Envoûté.
  Comme dans tes rêves où tu ne marches plus sur le moindre bris de miroir
  Et cette phrase où tu ne te sens plus d'avoir fait le mec qui a de l'imagination
  Des métaphores
  Alors que tout est catachrèse jusqu'à la moindre courbe dans tes veines
  Et même (mais pourquoi même ?) la métalangue

  Le fait est que tu ne comprends plus
  ce qui t'a donné parfois le courage de construire un texte (n'allons pas plus loin)
  la lucidité de le faire, en sachant très bien faire comme si tu le faisais,
  et avec même (mais pourquoi même) l'impression de l'enrichir de tes propres retournements

  Laisser faire l'épuisement d'être là
et la lourdeur de faire celui qui le sait
  jusqu'à le dire
  et remettre ça

  Qu'importe, dirait    , si les arbres s'enchaînent
  Mais d'une branche à l'autre toute à l'ambiguïté
  De faire longer le peuple
  D'une foule de désirs d'embrasser sur la bouche la noblesse étroite
  D'une robe vainement prise au vent
  La retenant.
  Qu'elle y retourne !

  Et toi alors sur tes voeux sans toi
  L'animal
  Désigné par le même objet, cinglé par la foule
  C'est lui
  Qui contresigna

  Alors pourquoi faire l'ange ?
  Pour ne pas faire le jeu de celle qui promet de s'y substituer
  "Je faisais des rêves
  Directement (...)
  Maintenant j'ai sept ans et je suis enceinte."
  Virginia

  L'hôtesse quand on propose s'en sort droite
  Donc ce sont des opinions qui nous viennent de l'état veuf
  Sur le thème du mépris pour les choses en blanc
  Je fais l'obstacle.

[Table des matières]





Créer ou lire
L'amour qu'elle se donne
La peau des pommes
Sur son sein vert incandescent
Pensée ou dire
Des feuilles sous son repos
Qu'elle éternise

[Table des matières]





Poète
Ce mot peut-être
Ne dit rien à personne
Qui le répète
Mais tout à toi
Qui ne le dis jamais
Sans mon bras

Sur la tête, sous l'or, sous tes doigts

[Table des matières]





POURQUOI



Écrire
Pour changer,
Devenir celui qui a écrit
Ça.

C'est tout.

Comment j'ai pu croire

[Table des matières]







LES GERBES FOURRENT


[Table des matières]





LES GERBES FOURRENT



La couleur du ton du mélange
Où tu le dis change
À chaque ainsi que la révolte
Instant que tu médites
Folle sur ses conditions t'abandonne

Ce qui laisse sans espoir
Sauf la ville en suspens
Le prochain pli que tu le marques
Sans lui, qui brûle

[Table des matières]





Sur mon absence
Depuis que je sculpte, délivrance
Dès lors qu'à suivre je vous laisse
Ces courbes qu'on ait cru de pierre
Suffisant à vos paumes-presses au bout d'étreintes
À vos doigts logés
Sous le prétexte d'une pointe
Sous l'idée d'un creux sans visage
Au jour d'où part, moins secondé d'espoir,
(Ton oeil dévoré d'évidence.)

[Table des matières]





Porté sur la gerçure
D'elle étroite à lui si moins sûr
Commune plaque
Unique sang pour les blessures
Mais redondance
Des corps célébrant
Le courage d'être à deux par terre.


        Avril, dedans.

[Table des matières]





   texte nu serait trop beau trop court aussi
pré
  virgule flottait et dinde assise à part pleurait — fragile
  calotte du fou rase indécise dit rempart de fumée sa brise
  et continuait et continuait
  et trahison t'en vieillissait
  texte relu sort des pommeaux si l'âge
  le jus d'insuffler d'écrémant le vase où vasque rose
  texte heureux tenu — c'était tranche
          de l'âme aux
          iliaire.

[Table des matières]





DU POUVOIR



"Lisez, le sens viendra." Sceptre de fou.
Ma chaire tremble. Et si c'était vrai ?
— Alors, il y aurait une conséquence.
— Ce n'est donc pas si sûr ?
— Le sens vient de là.
Sceptre sage.

[Table des matières]





CONDAMNÉS



C'est le soir, quand elle enterre son visage
Dans des monceaux de mousse élargie,
Qu'au premier geste de fatigue entière
On nous sépare

À l'aube, au moment des lambeaux de pluie,
On nous laisse repartir ensemble
Pour nous reprendre
Avec le fruit
De la marche accomplie

Et c'est la nuit, quand elle pleure,
Que je repense
À l'endroit vide
Où je l'ai laissée marcher la première

[Table des matières]





PLUIE



Fine

Il fut un temps où je savais l'hiver
La regarder
Jalouse du ciel bas

Conflit
Dans la veinure auréolée
De tous ceux qu'un trait devança
Qui s'en remirent alors
À la pire des justices

Voir

[Table des matières]





C'est l'or
D'un sens nouveau pour la fièvre même
Dont je lèche la poussière
Sur ta peau même
Qui transcende l'argent de l'aube
Et le fond du ciel sur tes pupilles blanches

[Table des matières]





Sa mère puisant des bras
Sa litière en plein coeur
Un suaire qui s'arrête aux mains
Le tenta. Ah (souviens-toi).

En dehors des terres
Où la pierre ne fend pas.

[Table des matières]





Vu du moire, ce peut être une survocation immédiate du naufrage
En toute bonne foi
C'est à peine la peine de la mer
Mais cela prend des formes

À la faveur d'heures exactes
Quand ça crypte
Ou lors d'un assoupissement des hordes
Par les yeux

Jeu des soies quand la pince appelait

[Table des matières]





Absenter l'orage
Rompre la nuque
Se partir
Se laisser les veines
Se choisir
Où sourdre
À moins de naître à l'opacité
Sur les flancs du coeur
Sous l'angoisse

[Table des matières]





à part le viol initial le reste se supporte
transposé du moins
et jusqu'à l'aube

mais comment croire au jour
qui n'attend que ça

[Table des matières]





À force la langue bondira (I think we gonna dance)
Quand la vile Anglaise m'atteindra
(S'imprimera) Quand de Dieu d'un fer tu marqueras
Le mou l'en-moi

Encore cette fille que je ne sais pas
Encore l'aisance, là
Encore les traits sur moi (sur les miens) qu'elle tira
Du visage.

    Danse, doigt
    Suis ta pente, déchet-roi
    Serre ta foi contre l'autre, juste assez droit
    Pour qu'elle
    Ne coule pas
    Serre, tu verras, ça noircira
    Quand même
    En bleu effaçable.

D'elle-même, au moins, Pirouette
S'en tira
(Une bonne dose).

[Table des matières]





Forcé de noir
Chanter de tes louanges
Devant moi l'absence
Moi dont la présence.
Mais j'erre je n'irai pas jusque là j'en écrase
Forcé de noir
Chanter leur plaie semblance

[Table des matières]





SAME OLD CLOUD



Le sentier descriptible passe
Et la course
Effrénée du sein jaune vers
Son suicide consommé sur place.

Le vide sent le même
Les solitudes vont lire en scène
La mer vague
Qui tétanisait l'heure du gouffre

Non que les morts aujourd'hui soient plus claires
Mais la voûte déchire les visages

Ce soir du moins
Quand la voûte de ton sein décrypte
Les creux vulnérables
(Mâles, disposés sur l'existence,
Qui s'accrochent)

Le délit seul de différence
Évadé sur les cent
La corde en frise saine
Prolongé par le vent
L'orage
Écrasé pourtant
Pourquoi faut-il que tant de scènes
Puent l'absence
Sans piétiner la moindre veine
Dans son sang

[Table des matières]





TABLE



© 1991 Pierre Igot


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