Certes, tout s'expliquait. Tout avait assez de recoins, de plis, pour qu'on puisse vraiment vouloir consacrer sa vie à le défaire. Mais d'abord, tout ne l'intéressait pas vraiment. En soi. Tout, c'était les autres, un peu trop les autres pour être assez disponible à soi pour continuer. Tout, c'était le paradoxe supportable et supporté par tous. Mais pas lui. Pourquoi ? Pour qui ? Cela ne l'intéressait pas vraiment de rapporter cela à de l'orgueil ou de la vanité. Cela n'en était pas. Chercher à le prouver reviendrait à reconnaître l'hésitation. Il ne fallait pas. Tant pis. État second. Décalage. Tout ce que vous voulez. Alors, là encore, bâtir c'était avant tout et jusqu'au bout de la faiblesse. Une faiblesse. Cela se lisait bien, certes. Mais cela s'expliquait trop bien. Il s'y laissait aller, parfois, comme par atavisme. Un système. Juste. Juteux. Délicieux. Les molécules du trou qui s'assemblent et qui forment un goût. Délicieux. Mais dégueulasse, quand il y pensait. Fourmillement. Rien, jamais rien d'autre que du fourmillement. Indéfini. Incompréhensible. Trop facile. Irrationnel du pauvre. Vertige.
Écrire comme on respire. Pré-ten-ti-eux. Pré-SOM-ptu-eux. Je vais t'en foutre, moi. Des visages. Sortir par la queue. C'est ce que vous avez trouvé de mieux à faire. Putain, vous faites chier. Ça ne se lit pas. Ça ne se lira pas. Ça ne pourra pas se lire. Merde. Tout recommencer. Il faut bâtir. Des chattes qui râlent. Des vagins qui puent. Il faudrait que même ça, ça ait l'air beau. Quand ça n'a pas. Mais alors pas du tout. Tenir compte de tout, ou de rien. Mais pas de petits morceaux, comme ça, entre deux, genre « tranches de vie » et que j't'en fous plein la figure avant qu't'aies eu le temps de dire soif.
Je n'ai jamais voulu que lui faire plaisir. Je ne savais pas. Je ne pouvais pas savoir. D'ailleurs elle non plus elle ne savait pas. Elle me l'a dit après : écoute, si j'avais su, si j'avais pu savoir, je t'aurais prévenu, je te jure, je te l'aurais dit. Mais je ne savais pas. Je pensais vraiment que c'était du passé. Que c'était oublié. Et puis tu sais, tout à coup, un jour, comme ça, on sent comme un appel, plus fort que soi, plus fort que tout, que toi, eh oui, même toi, toi qui a été si fort pourtant, plus fort que tes doigts, plus fort que ta langue, ah je ne sais pas, comment j'ai pu t'accepter si longtemps sans te faire mal, sans que tu lises en moi et que tu remarques, que tu comprennes que j'étais le jouet en rémission d'une force supérieure, oh j'aurais vraiment pu pouvoir te prévenir. Maintenant c'est trop tard. Tu es comme moi. Tu es infecté, et tu ne pourras pas t'en sortir. Tue-moi. Je te fais trop mal. Tue-moi. Tu as le droit. Je ne veux pas que tu souffres comme ça. C'est plus fort que moi, que toi, que tout. Tu dois comprendre. Mais tue-moi si tu ne peux pas comprendre. Si tu ne peux pas vivre sans moi.
Mais cela n'avait pas de signification.
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