Le soleil se dépose
Sur l'horizon qui s'altère
Et qui ressemble à tant de choses
Ensemble autour tant de lumière
Rien dans un tel flou qui se fasse
Écarter pour trop de matière
Nul recours au rappel du besoin de surface
De la nécessité d'une aube entière
J'entends débaptiser des villes
Et reprendre un voeu de frontière
Je rêve à des lieux plus tranquilles
Des bras détachés de rivières
On m'attend entre deux rivages
À me plaindre d'eaux trop légères
Le désir n'a plus de visage
Depuis que j'ai changé de père
J'habite au-dessus d'un état de cause
Qui remonte quand je digère
Quand je descends je fais des pauses
Chez mon voisin qui désespère
Je rêve encore au monde vide
D'un écho de rupture austère
Et j'ai l'originalité liquide
D'un battement dans des artères
J'entends du sang rire l'erreur
D'un refuge dans les viscères
Et circuler dans la vapeur
Des outils d'une mort amère
L'effort est digne d'un serment
À l'invite d'une bouchère
On la brûle en la déformant
Mais c'est l'oeuvre qui la rend fière
© 1998 Pierre Igot