C - DAYS 44 & 45


Après une fin de quarante-troisième journée somme toute acceptable (marche supportable et supportée, souper qui passe bien et fin de soirée en détente devant une de ces bonnes comédies anglaises qui ne se prend pas pour le chef-d'oeuvre télévisuel du siècle mais qui se laisse prendre), quarante-quatrième journée plutôt misérable. Curieusement, au réveil, les choses semblaient relativement calmes. Le mal de dos était présent, bien entendu, mais pas trop marqué. Et puis je me suis levé, j'ai mangé et, peu de temps après, une « vague » de faiblesse m'a envahi sous la forme de cette sensation d'une cervelle en évaporation (spaced out) et d'une impression de ne pas pouvoir marcher en maintenant son équilibre. Impossible de déterminer si tout cela venait du ventre ou du dos. Pris deux fois 500 mg de paracétamol et essayé de ne rien faire, de ne pas travailler comme je l'avais prévu, de traîner dehors au soleil, mais il faisait juste un peu trop froid, bref, matinée totalement improductive, sauf vers la fin, où j'ai quand même réussi à me résoudre à faire ce travail que j'avais à faire et à le faire. En fait de crise, il s'agissait donc d'une « flambée » relativement modérée. (Lorsque la crise est grave, j'ai la tête qui tourne alors même que je suis assis à l'ordinateur à essayer de travailler. Je n'y arrive pas. Je suis traversé de toutes sortes de vagues de sensations plus désagréables les unes que les autres. Je suis obligé de m'asseoir ailleurs ou de m'allonger, sans que cela fasse vraiment passer les choses. Je suis inutile.)

Mais cette petite crise était bien réelle. Le repas de midi n'a fait que maintenir le suspens. J'ai essayé sans trop de conviction de vaquer à quelques occupations par après, mais c'était encore « limite ». Tout a commencé à se résoudre, curieusement, en fin d'après-midi, avec la joie devant le but libérateur de Trézéguet et C. qui a immédiatement sauté dans mes bras pendant que j'essayais de regarder le ralenti... On ne peut quand même pas s'empêcher d'exulter dans ce genre de situation. Mais ce qui est intéressant, c'est que tout s'est passé comme si la tension progressive suscitée par le match était venue se substituer à la tension sous-jacente de la crise et que, en se résolvant, elle avait du même coup effacé cette autre tension dont je n'arrivais pas à me débarrasser depuis le début de la journée.

Quoi qu'il en soit, la fin de soirée s'est mieux passée, nous avons mangé léger et regardé des guenons se promener vagin à l'air pendant une heure avant de laisser la journée se terminer tout doucement d'elle-même. Pas de marche ni de passage aux toilettes, par contre. Ce genre de journée, quoi.

Promenade J'ai eu un peu peur, ce matin, quand je me suis de nouveau réveillé avec un mal de dos très prononcé et de petits frissons n'annonçant rien de bon (par ce temps). Mais, curieusement encore une fois, c'est l'inverse du début de la journée précédente qui s'est produit : ces mauvais symptômes ont presque totalement disparu immédiatement après la fin du petit-déjeuner et la prise des pilules (pourtant les mêmes que la veille). Le reste de la journée s'est plutôt bien passé, avec un « déblocage » progressif mais bienvenu, évidemment — je vais décidément devoir examiner de plus près cet ouvrage de James C. Whorton sur le rôle de la constipation dans notre civilisation — et une marche le long de la mer sous un soleil radieux qui n'a même pas réveillé le moindre mal de dos (en apparence). Tout juste un peu encore la sensation d'être fiévreux sans vraiment l'être, au bord du frisson de la maladie (par ce temps). Mais rien de trop prononcé.

Je vais décidément devoir conclure de toutes ces petites « surprises » que les choses commencent à changer. Trois marches complètes en quatre jours sans conséquences graves. Des symptômes qui se dissocient les uns des autres et qui — peut-être — s'atténuent.

Ajoutons à cela que le peu de recherches que j'ai fait sur la « physical medecine » m'a tout d'un coup rendu beaucoup plus conscient de la position de mon dos. Parmi les recommandations en matière d'ergonomie que j'ai lues en passant, il y en a une qui m'a particulièrement frappé : l'idée qu'il fallait, en position assise, s'efforcer de faire porter l'essentiel du poids du haut du corps sur le bassin (pelvis) et éviter de le laisser porter sur le bas du dos, plus en arrière. Je constate que c'est exactement ce que je faisais depuis des années. Je me suis donc mis à me corriger en permanence, à courber vers l'avant le bas du dos au lieu de laisser le haut de mon corps s'affaisser dessus. Ça a l'air d'un petit détail, mais ça pourrait avoir de très grosses conséquences. Avec une chaise de bureau me facilitant la tâche, il est possible que je fasse d'énormes progrès sur ce plan et qu'on arrive vraiment à quelque chose du côté du dos.

En attendant, je doute que le mal de dos au réveil s'estompe dans un avenir proche et il va sans doute falloir encore vivre avec pendant un certain temps. Mais tout cela n'est pas négatif. Au contraire.

Et je viens de finir ma première boîte de trente pilules de C à 40 mg.

Tout compte.

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© 2000 Pierre Igot

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