BON VIEUX DÉCEMBRE


C'est bien sans doute
Grâce à l'enflure de mes façons de mourir
Que j'ai la plume et l'art
De les réduire
À faire le tour en tube
De l'axe de ma sagesse aiguë
Quand je redresse, dans le silence vertical des chaumières
Mon désir de lire et de taire
Mon impossibilité d'être et son chien

Son chien qui pue dans les gouttières
Son chien qui pète
Son chien qu'à l'avant des frontières
On croit poète

C'est plus encore quand elle enflamme
Le métal de ma grammaire nue
Que je hisse en plein ciel
Que je touche la fatalité du cercle

Alors ce sera par les nerfs
Et par le noeud sale et rougi
De frotter l'axe
D'une inconnue huilée aux vers
Qu'on ira percer la formule
Du jeu stérile et tordu des matières

Chien de mon prêtre
Chien par le voeu fier de son membre
Chien surtout d'être
Chien du même bon vieux décembre


© 1998 Pierre Igot

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