INTÉRIEUR DROIT


D'un côté le but absurde d'atteindre un équilibre inutile
De l'autre l'envie irrémédiable de pousser le déséquilibre
Jusqu'à la chute
Sans vraiment être assez fort ni pour l'un ni pour l'autre
Ni pour le prolongement affecté qui les distingue

Je suppose que je suis
Le besoin intérieur de définir qui j'étais
Avant que l'ennui
Me décide à vouloir
Faire ce que je fais
Comme si l'un quelconque de tous ces mots
Représentait fidèlement la moindre nécessité

Je suis donc en toute logique avertie
Le temps qu'il me faut pour annuler la question
Ou la fuir d'un coup d'aile imparfaite et bleue

Ou la franchir encore
En ayant à l'esprit un nom de feu

J'ai bien peur que la petite chair sous mon bras gras
Ne veuille unir en détachant
Son peu de racine sur le gland
Toutes les douleurs possibles de l'endroit

Et célébrer sa liberté d'un coup de sang
Bien foncé sur les draps

La liberté ne m'attire pas

J'ai bien compté
Sur les murs d'un intérieur neutre
Pour éviter trop de cervelle en prise
Mais ce que la neutralité contient
Ne me révulse pas assez pour les tenir
Ou parfois pour les peindre en creux

Je suppose que je ne deviens pas
Ce que je n'ai jamais voulu être
Et que cette volonté d'un seul trépas
Ne pourra jamais tuer tous les autres

Pour la bonne et simple raison qu'ils sont les mêmes
(En fin de repas)

Si je voyais clair je verrais un
Intérieur droit
Un besoin têtu d'habiter le sein
Rond des charnières
De finir d'arrêter le toit
Si j'étais l'hypothèse tout entière et sans fin
Je n'aurais pas ni d'intérieur
Ni d'extérieur
J'aurais toi
Et le gond vertical du matin
Bleu
fier
Qui nous tient


© 1998 Pierre Igot

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