Z - DAYS 35 & 36


Encore deux journées correctes. Ça fait désormais cinq semaines que je prends du Z et je ne peux pas ne pas penser que le médicament semble enfin avoir de l'effet — à moins que tout soit attribuable au seul et unique calmant que je prends chaque matin, mais j'en doute quand même un peu, dans la mesure où c'est une petite dose. Ceci dit, la seule façon de vérifier cela serait d'arrêter de le prendre de nouveau. Mais, étant donné ce qui s'est passé la dernière fois que j'ai essayé, je vais encore attendre un peu, que l'amélioration se confirme, s'amplifie, se révèle durable.

Je ne me sens pas si bien que cela quand même. J'ai encore un mal de dos qui revient parfois en force et des maux de ventre qui vont parfois trop loin et m'effrayent. Mais globalement je fonctionne mieux, j'ai plus d'énergie, je me sens moins découragé, et surtout moins anxieux.

J'ai peut-être un peu forcé à la piscine hier. J'ai fini par faire trente-six longueurs et surtout les douze dernières sans interruption — le tout en une demi-heure. Quand je me sentais mieux, en 1996, j'en faisais deux fois vingt d'un coup, avec une petite pause au milieu, en un peu moins de vingt-cinq minutes. On n'est donc pas loin du compte. Mais le bas de mon dos s'est rappelé à mon bon souvenir en fin d'après-midi et pendant le reste de la soirée. La natation n'exerce pas de pression particulière sur le dos, autant que je sache, mais je suppose que les torsions inévitables et l'effort physique, tout simplement, peuvent quand même avoir des répercussions. Quoi qu'il en soit, avant le repas du soir, hier, j'ai eu quelques moments de faiblesse, où je ressentais le besoin de m'asseoir, et j'ai eu aussi assez mal au ventre. J'ai réussi à manger relativement normalement quand même, mais je me sentais de nouveau un peu « à la limite » de la nausée, de la sensation d'être malade et de ne pas pouvoir jouir normalement de ces choses simples.

J'ai encore eu un peu les mêmes sensations aujourd'hui, même si je n'ai pas fait d'exercice physique du tout. Si c'est toujours dû à la natation d'hier, il faudra donc que je me méfie un peu plus pendant un certain temps encore, que je ne me laisse pas aller à en faire trop. Mais c'est bien difficile à dire. Ça pourrait tout simplement faire partie du « cycle » de ces crises qui partent et qui reviennent sans raison apparente et n'avoir rien à voir avec l'exercice physique. C'est peut-être une petite crise, assez faible, assez atténuée par le Z et le R pour que je ne la ressente pas vraiment comme telle et pour que j'arrive à m'en remettre plus promptement — mais quand même une crise. Je ne sais pas.

Toutes les vitres de la véranda sont désormais en place et nous nous y sommes assis hier soir pour regarder les éclairs qui déchiraient la nuit et pour écouter le tonnerre et les trombes d'eau qui se déversaient sur le toit vitré (et pour voir aussi s'il y avait des fuites — il y en a, en l'occurrence). C'était notre première véritable « utilisation » de cette pièce pas encore terminée, la première fois qu'on avait le sentiment de l'« habiter » et, avec l'orage qui nous entourait de toutes parts, cela a produit une impression assez vive qui va sans doute laisser un souvenir durable. Est-ce que je me rappellerai aussi mon coeur qui battait encore un peu trop fort à mon goût à cause de la douleur dans le dos, dans la poitrine et de la faiblesse que je percevais en moi au même moment, est-ce que je me rappellerai aussi les petites pointes de panique que je ressentis à l'occasion de quelques éclairs un peu trop rapprochés, qui suscitèrent soudain en moi la peur d'être victime d'une « crise » quelconque et de devoir partir sous la pluie battante pour se rendre aux urgences de l'hôpital — ou est-ce que tout cela est déjà suffisamment atténué pour ne plus parvenir à « gâcher » ce type d'impression ou son souvenir ? Je crois être malgré tout arrivé à profiter du moment, à savourer l'impression. Pour le souvenir, je ne sais pas encore, mais il y a de bonnes chances. Chaque jour qui passe et où rien de grave, d'effrayant n'arrive contribue à me conforter dans l'idée qu'on a franchi un cap. Bien sûr, je sais pertinemment que je ne suis pas à l'abri d'une « rechute » brutale, mais je n'ai pas vraiment peur d'une telle rechute, et c'est déjà un progrès.

Z - Days 33 & 34 Z - Days 37 & 38

© 2000 Pierre Igot

Retour au tableau chronologique

Retour à la page titre