Z - DAYS 73 TO 76


Quatre journées moyennes, sans grande catastrophe mais sans grand soulagement non plus et avec chaque fois au moins un « moment » problématique, généralement en fin d'après-midi.

M. et I. ont eu la gentillesse de nous inviter pour mon anniversaire samedi, « dans quelque disposition que je sois », et ça s'est finalement assez bien passé, même si j'ai eu un peu peur lorsque les épices assez fortes du plat principal ont commencé à mettre le feu à ma bouche. Mais ça fait déjà un certain temps que je ne crois plus qu'il y ait de lien direct entre ce que je mets dans ma bouche et le comportement de mon système digestif. Les mêmes aliments passent très bien un jour et très mal le suivant. La veille au soir, par exemple, j'avais préparé un simple mélange de riz, de céleri en branche, de petits pois et d'oignons auquel j'avais ajouté une certaine quantité de feuilles de thym fraîchement cueillies. Eh bien j'ai subi la pire crise de reflux gastro-oesophagien que j'aie jamais connue. D'horribles brûlures remontant dans l'oesophage. Jamais connu ça avant. Or il n'y avait rien dans ce plat que je n'avais jamais mangé auparavant. (Deux jours après, j'ai retrouvé les petites feuilles vertes dans mes selles, alors mes soupçons se portent sur le thym, mais j'en ai déjà mangé avant, du frais aussi bien que du séché.) Curieusement, cette grosse crise n'a pas vraiment suscité d'angoisse ou d'anxiété en moi. J'avais simplement mal. Bref, tout ça pour dire que je renonce à tirer des conclusions.

En l'occurrence, le plat épicé en question ne m'a pas fait plus de tort qu'autre chose, pour autant que je puisse dire. Mais surtout, l'ensemble, l'apéritif, le plat, le verre de vin, le dessert au chocolat — tout est relativement bien passé et, si j'ai ressenti quelques angoisses passagères, en partie amplifiées par le souvenir de la soirée « ratée » de la semaine précédente, j'ai quand même pu participer agréablement à la conversation et « faire bonne figure ».

J'ai un peu perdu mon temps dimanche à régler des problèmes techniques qui n'en étaient pas et je n'ai donc pas eu le sentiment d'être particulièrement productif, mais je n'ai pas particulièrement souffert non plus.

Lundi, matinée maussade, piscine correcte à midi, après-midi passable, soirée correcte. Rien à signaler, quoi.

L'angoisse m'a repris un peu ce matin, sans prévenir. Peut-être liée à l'idée d'aller à D*** voir J.W. Je ne sais pas. Mais aussi, on a reçu hier un courrier nous annonçant que le rendez-vous avec le gastro-entérologue initialement prévu pour le 8 mai 2001 avait été avancé à… la semaine prochaine ! Il semble donc que Dr M. soit enfin parvenu à faire bouger les choses, et pas qu'un peu. Cela bouleverse du coup la façon dont nous voyons les prochaines semaines se dérouler. La perspective d'un séjour dans un clinique aux États-Unis s'éloigne de nouveau alors que nous étions presque convaincus que c'était la seule solution. Psychologiquement parlant, cela exige un nouvel ajustement et ce n'est peut-être pas étranger au réveil de ma « fébrilité mentale » de ce matin.

Je suis obligé — même si je ne me sens pas personnellement coupable — de remarquer qu'il est quand même triste qu'il faille dépendre de ses relations (familiales ou autres) pour obtenir de ce système de santé en dégénérescence un service de niveau acceptable. Ce n'est que parce que Dr M. a parlé directement au gastro-entérologue que celui-ci a adopté une atittude différente vis-à-vis de mon cas. Sinon, je relevais de la catégorie « non urgent » et c'est une catégorie dont il ne fait pas bon relever dans ce pays de nos jours.

Je n'ai pas le sentiment qu'on avance beaucoup avec J.W. Comme la fois précédente, cette consultation d'une heure est passée très vite et je me suis surpris plusieurs fois à l'écouter sans vraiment me concentrer sur ce qu'elle disait parce que j'étais préoccupé par d'autres pensées en rapport avec ce dont on venait de parler. Cela ne me paraît pas normal. Si ça se reproduit, je suppose qu'il faudra que je lui en parle. Je lui ai évidemment parlé de la crise de jeudi dernier et elle a évoqué la nécessité d'apprendre à « intercepter » les pensées qui se mêlent au tourbillon des émotions et des symptômes lors de ces crises et à essayer, en les isolant, de les neutraliser parce qu'elles sont quelque chose qu'on peut mieux maîtriser que le reste. J'ai dû mal à voir comment je vais pouvoir mettre ça en application dans la pratique. Je suppose qu'il va falloir que j'y réfléchisse en attendant la prochaine crise.

Elle ne peut pas me revoir avant le 17 octobre. Beaucoup de choses risquent de s'être passées d'ici là. Peut-être de bonnes choses.

Reste de journée pas folichon aujourd'hui, avec trop de douleur de nouveau mais pas vraiment d'anxiété après le retour de D***, contrairement à ce que je craignais. Comme dit J.W., c'est généralement quand on ne s'y attend pas que la panique attaque — et je ne peux pas lui donner tort au vu de ce qui s'est passé les derniers temps. Seulement, je ne peux pas non plus rester constamment « en alerte », parce que c'est une façon bien trop épuisante d'essayer d'éviter que la panique revienne. Et ce n'est de toute façon pas une solution à long terme.

Réunion/formation demain toute la journée. Ça va me changer les idées, je suppose.

Z - Days 70 to 72 Z - Days 77 & 78

© 2000 Pierre Igot

Retour au tableau chronologique

Retour à la page titre