Z - DAYS 79 TO 83


De nouveau un week-end pourri, suivi de trois jours passables, avec un aller-retour à H*** pour aller voir le gastro-entérologue qui, initialement, ne voulait pas me voir avant le mois de mai 2001.

Le week-end a été aussi épouvantable qu'il pouvait l'être. Une vraie crise dans toute sa splendeur. De quoi décourager la bête humaine la plus solide. De quoi faire douter aussi des signes d'amélioration qu'on avait cru percevoir. Pas vraiment envie de revenir dessus en détail. Rien de bien nouveau.

La matinée du lundi a encore été limite, et puis les choses se sont un peu calmées après la piscine du midi et j'ai pu m'occuper des préparatifs pour le voyage à H***. Nous sommes partis vers 16 h 30. Rien à signaler pour le reste de la journée.

Le rendez-vous avec Dr T. a été sans véritable surprise. Il n'a pas particulièrement été chaleureux, mais il ne m'a pas non plus rejeté en bloc. Il m'a examiné et a semblé reconnaître mes symptômes. Il a semblé d'accord avec moi sur le fait que les douleurs les plus intenses que je ressens ne relèvent pas simplement d'une colopathie fonctionnelle. De quoi relèvent-elles alors ? Il a mentionné deux maladies (l'une appelée « porphyria » et l'autre concernant une enzyme qui ferait défaut), toutes deux rares, évidemment, et m'a dit qu'on allait faire des analyses juste pour vérifier. Il a expliqué que, si c'était l'une ou l'autre, l'approche serait évidemment complètement différente. Si ce n'est ni l'une ni l'autre (et c'est l'hypothèse la plus probable), alors il faudra que je me résigne à renoncer à chercher une cause ou un nom de maladie et que je me concentre sur la nécessité de « gérer la douleur » avant toute chose. On a parlé des antidépresseurs. Il a mentionné le fait que le Z n'était pas très bon pour ce qui était de traiter la douleur. Il a évoqué d'autres pilules et aussi la possibilité de combiner le Z avec une petite dose d'autre chose, puisque le Z semble me faire du bien quand même sur le plan de l'anxiété et de la dépression (même si j'ai des doutes parfois). Il m'a fait faire une série de prises de sang sur place tout de suite. Pour la porphyrie, il va falloir recueillir mes urines pendant vingt-quatre heures et envoyer la bouteille à H***. Ça va prendre un peu plus de temps. Il a aussi dit qu'il allait demander à l'hôpital de Y*** de lui envoyer les radios de mon intestin prises lors du lavement baryté pour qu'il puisse les voir lui-même et vérifier que ce gros intestin anormalement large n'est pas véritablement un problème. Nous sommes sortis de son cabinet ni rassurés ni inquiets. Résignés, tout simplement, je suppose.

Nous avons passé l'après-midi à courir les magasins, puis la soirée chez le frère de C. pour lui montrer les photos de notre véranda qu'il voulait voir, puisque c'est lui qui nous a vendu les carrelages. Je ne me suis senti ni extraordinairement bien ni extraordinairement mal. J'ai eu quelques spasmes assez violents soudain dans le front au cours de la soirée et ce n'est jamais agréable. Mais je n'en ai parlé à personne, j'ai fait comme si de rien n'était et c'est passé au bout de quelque temps. L'impact de tous ces « petits » symptômes bizarres qui font surface de façon importune comme ça de temps à autre dépend en grande partie de mon état mental. Dernièrement, avec le Z, l'anxiété semble avoir plus de mal à percer. Il n'en reste pas moins que je n'ai pas été particulièrement expansif et que je suis plutôt resté en retrait pendant toute la soirée.

Nous sommes rentrés tôt hier matin, tous les deux bien fatigués. C. commence à avoir des migraines chroniques, ce qui n'est pas très bon signe. Mais elle est un peu au bout du rouleau, non seulement à cause de toute cette histoire me concernant, mais aussi à cause de petits problèmes idiots au travail avec ses collègues. Rien de bien grave, mais ce n'est pas toujours facile de s'en détacher.

La fatigue m'a abandonné avec la piscine — décidément très bénéfique pour ce qui est du soulagement temporaire des divers symptômes qui me harcèlent —, puis m'a rattrapé qu'en fin d'après-midi, pour rendre la soirée plutôt maussade. Mais j'ai reçu par la poste de ma mère ce livre intitulé La dépression masquée de Dr Rubinstein et j'ai commencé à le lire… Je n'ai lu qu'une vingtaine de pages, mais c'est déjà plutôt convaincant. Le problème, c'est que ça me déstabilise de nouveau dans mes pensées et qu'il va y avoir de nouveau une période d'ajustement (qui dépendra aussi évidemment de la suite de l'ouvrage). Mais il faut espérer que c'est un ajustement qui en vaudra la peine.

Évidemment, pour ne pas arranger les choses, j'ai commencé ce matin à faire quelques recherches sur la porphyrie sur Internet et je suis tombé sur des choses guère rassurantes qui ont immédiatement provoqué un sentiment d'angoisse en moi. J'ai bien vite arrêté de lire, mais c'était déjà trop tard. Je n'aurais jamais dû faire ces recherches. J'aurais dû recueillir mon urine, l'envoyer à H***, attendre les résultats (sans doute négatifs) et oublier cette piste. Au lieu de cela, je vais maintenant devoir passer les quinze prochains jours (en attendant les résultats de l'analyse) à refouler les poussées d'inquiétude que le souvenir de la lecture de ces quelques lignes ne va pas manquer de susciter en moi de façon répétée. C'est complètement idiot.

J'ai aussi discuté avec S. un peu hier après-midi, qui m'a dit qu'il tenait P. au courant de l'évolution des choses, parce que ce dernier lui demandait de mes nouvelles. Je suis touché et en même temps triste et frustré de ne pas pouvoir participer davantage à tout ce qui se fait en ce moment à cause de cette saleté de maladie. C'est quand même une occasion unique et il y a quelque chose en moi qui est en train de la gâcher joliment. Enfin. Maybe it's not meant to be.

S. lui-même et sa femme K. font preuve d'une grande gentillesse et nous écrivent régulièrement, nous envoient même ce qu'ils appellent des « cheer-up packages » — tout ça alors que, même si S. et moi correspondons de façon très régulière depuis plusieurs années maintenant, nous ne nous sommes jamais rencontrés et nous n'avons jamais échangé plus que quelques mots rapides au téléphone. Il faut espérer que nous aurons bientôt l'occasion de corriger cette situation.

Je continue à acheter de la musique (le coffret The Jimi Hendrix Experience, le dernier Sinéad O'Connor, le dernier Björk, Bamboozled pour le morceau de P., évidemment, un Tower of Power, un Curtis Mayfield, etc.) en espérant avoir bientôt la possibilité de me plonger dedans et d'oublier tout le reste. Ce n'est pas vraiment le cas pour le moment. J'ai écouté « 2045: Radical Man » hier soir et, si j'ai bien aimé, je n'ai pas réussi à me laisser prendre, je n'avais pas le coeur à cela. C'est dommage, mais ce n'est pas nouveau.

Z - Days 77 & 78 Z - Days 84 to 88

© 2000 Pierre Igot

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