Z - DAYS 100 & 101


Sous un ciel enfin clair
Dans la brume uniforme
Sur l'herbe enfin sèche
Autour du sang enfin versé

La régénération pure
Peut enfin recommencer

Et cette fois même aboutir

Il reste un gros fonds d'obstacles niais
Des percements de douleur
Trop longs pour un cri
Mais le désir a fini d'envier
Ses objets ne sont plus d'emprunt
Et ton flanc sait le satisfaire

On n'a pas encore épuisé les crises
Le mal propre a toujours des variantes
Mais le sort du matin et le but du soir
Vont finir par s'aider à suivre

Sous la pluie enfin fraîche
Entre les arbres debout sans effort
Par la lumière nue et fidèle
Dans les moments successifs et chauds

Un destin d'air simple et d'élans fertiles

............

Je ne sais pas pourquoi j'écris des choses « positives » comme ça alors que je me sens encore si mal, si fragile, si malade. Les explications simples (par réaction, pour lutter, etc.) ne me semblent correspondre à rien de réel en moi. Et surtout je n'ai pas du tout le sentiment d'avoir franchi un pas décisif, comme le texte ci-dessus le suggère. Aujourd'hui, dans l'état où je suis, ce n'est guère que de la fiction, tout ça.

Je ne suis pas non plus superstitieux, alors je ne crois pas que le fait que ce texte soit « sorti » de moi annonce quoi que ce soit. Je joue sur un registre, comme un organiste. Il n'y a rien dans les compositions d'un musicien qui indique la forme physique ou même mentale dans laquelle il était. On croit peut-être que les mots, c'est plus « parlant », mais, dès qu'on essaye de leur donner un certain « rythme », d'en faire une petite « musique », c'est fini, ça ne correspond plus à rien de définissable, c'est comme la musique elle-même, c'est du domaine de l'abstraction et des émotions véritables (pas de ces émotions dont on trouve des définitions dans les dictionnaires).

De même, ce n'est pas parce qu'on est restés réveillés hier soir jusqu'à minuit (la première fois depuis longtemps !) à faire l'amour sous toutes sortes de formes plus ou moins acrobatiques et qu'on a même recommencé un peu ce matin au réveil que je suis tout d'un coup « guéri » de quoi que ce soit. L'amour, c'est, là encore, un registre dans lequel on joue avec le corps, un registre dans lequel le corps apprend à jouer et, s'il apprend bien, s'il a l'occasion d'apprendre bien, il arrive là encore à un stade où c'est devenu une joie en soi, où ce n'est plus représentatif de l'état mental ou physique du moment, où ça en fait même totalement abstraction. Le fait que j'aie très mal au dos ne m'empêche pas de donner (ou de recevoir) des coups de hanche très vigoureux, de me mettre dans des positions tendues apparemment très inconfortables et d'y rester assez longtemps pour que le plaisir efface toute autre pensée, toute autre sensation.

Il y a bien des moments où le mal tente d'interférer, me fait un peu souffrir au moment de l'éjaculation ou m'empêche de rester dans une position « inconfortable » assez longtemps pour que je puisse en tirer quelque chose. Mais je ne laisse pas ces moments m'abattre et, heureusement, ils ne sont pas trop fréquents.

Tout ça pour dire qu'il n'y a rien de sûr, sauf l'art. Pour ceux qui croient en faire. Et l'amour est un art.

Z - Days 98 & 99 Z - Days 102 to 105

© 2000 Pierre Igot

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